l'étrange histoire de Gaboutou (roman)
Texte de Cap'tain Philip & Bruno Combes / couverture, illustrations et mise en page de Maryline Foucaut / sortie en juillet 2025 aux éditions Traboule distribuées par BoD (200 pages)
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Synopsis :
Gaboutou, originaire des monts Kenga, au centre du Tchad, est devenu un jeune diplômé de l’université de Dresde en Allemagne de l’Est. Ce faisant, il est tombé amoureux d’une étudiante russe qu’il côtoyait sur le campus.
Son diplôme en poche, Gaboutou rentre travailler à N’Djamenah, la capitale du Tchad, bientôt déstabilisée par la lutte armée ; Il redevient simple paysan dans son village natal.
Un jour il se met en tête de retrouver son amour de jeunesse. Commence alors un éprouvant périple à travers le Sahara, la Tunisie, la côte d’Azur, l’Autriche et Budapest, terme de ce parcours mouvementé et aube d’un voyage plus aventureux encore dans un espace parallèle.
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LIRE LES PREMIERES PAGES :
Aéroport de Budapest , 23 décembre 1985
Je ne suis pas le seul héros de ce récit, mais je le traverse de part en part et, puisqu’il faut bien commencer quelque part, j’ai décidé de me présenter succinctement. Je n’ai encore que 27 ans et l’on m’a prénommé Gaboutou. Comme mon oncle Albert, je suis de bonne taille, un peu plus de six pieds, plutôt costaud sans être épais, réservé sans être timide, souriant et aimable sans être perpétuellement hilare ou maladivement obséquieux... Vous n’avez guère besoin d’en savoir plus pour l’instant ; venons-en plutôt au fait...
D’aucuns auraient parlé de coup de foudre... Seraient entrés dans le coeur de cette histoire par des mots aussi définitifs que : « je suis tombé amoureux fou dans l’instant », « ma vie a basculé en une fraction de seconde », etc. À vrai dire, les circonstances ne s’y prêtaient pas franchement...
Non, je préfère commencer par cet instant de fascination inattendu... beaucoup plus qu’inattendu, vous allez voir ! Fascination devant l’apparition déconcertante de ton visage penché sur moi dans une cellule du poste de police de l’aéroport de Budapest, il y a quelques jours seulement... Ton visage que j’avais croisé des dizaines de fois au foyer des étudiants de l’université de Dresde, à sa cantine ou dans sa bibliothèque. Un visage dont j’avais de fait été amoureux de longs mois, sans que ce sentiment ne débouche sur rien d’autre que quelques mots prononcés maladroitement de ma part à l’occasion, et autant de sourires indulgents et désolés de la tienne. Mais tout ça, ou plutôt si peu, s’était passé quelques années plus tôt, à la fin des années 70...
Pourtant, subitement, ton visage était là, à quelques centimètres du mien. Ton front était en partie couvert par une coiffe d’infirmière de la croix rouge et tu t’activais pour tenter de me ranimer, car je venais d’être victime d’un accident cardio-vasculaire dans les locaux de rétention austères de ce poste de contrôle de la police des frontières hongroise.
C’est arrivé à la fin du mois dernier, quelques jours avant Noël, assez tard dans la soirée. J’étais descendu d’un vol Aeroflot en provenance de l’aéroport de Berlin-Est vers dix heures du matin et les policiers hongrois m’avaient interrogé huit heures durant sur une circonstance qui semblait leur paraître hautement suspecte, avant de me jeter dans une cellule de dégrisement disponible jusqu’au matin. Mais le matin n’est jamais arrivé... Je suis sûr que, faute d’être parfaitement lucide, j’étais encore tout à fait vivant lorsque j’ai découvert ton visage inquiet penché vers moi à quelques centimètres de la chape de béton sur laquelle j’étais étendu... J’ai d’abord reconnu ma petite croix de baptême que j’avais accrochée à ton cou quatre ans plus tôt, et, dans la foulée, ta voix suave et posée, sans bien comprendre ce que tu me demandais. J’ai senti ta main douce effleurer mon front, puis... plus rien...
Enfin m’est revenu tout ce qu’il me reste à vous raconter d’où je suis maintenant... J’étais assis sur un mauvais tabouret et j’observais les efforts que tu déployais auprès d’un corps inerte qui avait bel et bien l’air d’avoir été le mien...
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Train Budapest/Graz , 2 janvier 1986
Moins de dix jours se sont donc écoulés depuis cette nuit improbable où tu as si étrangement resurgi dans ma vie, ou plutôt à l’entrée de ce tunnel étroit vers l’au-delà ; un tunnel que ceux qui l’ont emprunté à contresens décrivent inondé d’une lumière blanche et éblouissante. Pour ma part, je n’y ai vu que ta propre lumière, éblouissante, de fait, comme elle l’a toujours été pour moi.
On est au tout début du mois de janvier 1986 dans un train qui roule sur une des dernières lignes d’Europe parcourues par des locomotives à vapeur. Pourtant, cette histoire, vous l’avez déjà compris, commence il y a bien plus longtemps ; bien longtemps, même, avant cette époque où les hasards des jours nous faisaient nous croiser régulièrement sur le campus de l’université de Dresde. Cette histoire commence une vingtaine d’années plus tôt dans le village de Sara Kenga, où j’ai grandi, au coeur des montagnes du Guéra.
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