Auteur :  Cap'tain Philip

Sortie :  en septembre 2021 aux éditions Traboule (184 pages)

Une nouvelle édition est sortie chez BoD en mai 2022 (224 pages)

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Cap'tain Philip a été écolier, puisqu'il fallait bien en passer par là ! " Le bout du monde " pour lui, à cette époque, n'était encore que le bar de Marie Louise en bas de son immeuble...

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Synopsis « AU BOUT DU MONDE » :

1958,  j ai 7 ans en banlieue parisienne et je découvre les cicatrices de l’après-guerre.

Mon terrain de jeu,  ce sont les rues de Bécon les Bruyères, l’escalier de mon immeuble, la vie présente et passée de mes voisins ... Dans ce monde si mystérieux des adultes, mon grand père est un guide espiègle et attentif.

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LIRE LES PREMMIERES PAGES :

Je suis né à la veille d’un été torride, celui de 1952 et on m'a prénommé Philippe (le maréchal était mort en prison l’année précédente, n’y voyons là qu’une coïncidence), Thierry, comme un grand-frère, qui n’a vécu que quelques mois, René enfin comme mon parrain, qui était ingénieur aux chemins de fer et incidemment comme mon père.

Mon grand-père, lui, se prénommait André. Il m’a appris l’allemand et les échecs. Il est mort quand je venais d’avoir huit ans. Mais il a longtemps marché à mes côtés pendant que le monde changeait autour de nous.

Papa et sa grande sœur, Suzy étaient déjà nés quand mon grand-père a été blessé dans les tranchées pendant la grande vorace. Peu après, ma grand-mère est partie avec un aviateur fraîchement décoré pour avoir mitraillé les pauvres types d’en face depuis son biplan.

Suzy était très belle. Je ne le sais que par de vieilles photos, sur lesquelles on la voit jouer avec Géry, son petit garçon et mon frère ainé sur la plage du Lavandou en 1942, l’année où elle est entrée dans la résistance.

Elle a été arrêtée et exécutée l’année suivante en Italie. C’est donc mon grand-père qui, après avoir élevé seul Papa et Suzy, a élevé son petit-fils Gery dans un modeste appartement de la rue Danton à Levallois-Perret, à deux pas de la porte Champerret.

Par les hasards successifs propres au conflit qui embrasait alors le monde entier, Papa s’est retrouvé pompier dans le XVIIe arrondissement de Paris. Toujours à deux pas, donc, de cette rue Danton, et bientôt sans logement, lorsque, un beau matin, l’immeuble, où il avait installé sa petite famille de l’autre côté de la Seine, tout près de la gare de Bécon-les-Bruyères, fut éventré par une bombe américaine.

Alors que s’achève l’année 1943, les voilà donc tous les trois, grand-père, fils et petit-fils, un peu à l’étroit, trois étages au-dessus de la boucherie chevaline du 29 rue Danton à Levallois-Perret. D’autant plus à l’étroit que le grand-père est compositeur et que par contrecoup, le petit appartement est encombré d’instruments de musique de toutes sortes…

Maman et mes aînés étaient heureusement réfugiés dans la cave pendant le bombardement, qui a réduit le foyer en poussière. Ils sont alors partis s’installer à la campagne chez mes autres grands-parents… Le temps que « ça se calme »...

Mais, comme on le sait, ça mettra encore deux ans à se calmer. Par chance, la campagne en question était celle d’Alençon, l’une des premières qui sera libérée !

Papa faisait l’aller-retour en vélo quand il avait une permission. Paris Alençon, ça fait un bout en vélo ! Il emmenait néanmoins son neveu Gery sur le porte-bagage car, longtemps avant d’être pompier, il avait été orphelin lui aussi… Orphelin d’une mère partie vers d’autres amours… Orphelin néanmoins. Et du coup pensionnaire à droite, à gauche et finalement dans un très bon lycée parisien.

Là, il arriva que Jaco, son meilleur ami, étant fils de marin au long cours, Papa suivit Jaco à l’école d’hydrographie. École dont ils sortirent tous deux avec le magnifique brevet de « capitaine au long cours » quelques années plus tard. Bien sûr aucun armateur n’a jamais confié le commandement d’un de ses navires à un tout jeune homme sortant de l’école, même aussi magnifiquement estampillé ! Restait donc à faire ses classes…

L’heure du service militaire étant venue, ils se portèrent tous deux volontaires pour les sous-marins et firent leur temps comme enseignes sur la base de Bizerte, avant de commencer à parcourir les mers du monde sous le fier pavillon de la compagnie des Messageries Maritimes. C’est ainsi, presque à leur insu, qu’entretemps l’Espagne fut déchirée par la guerre civile, l’Italie écrasée sous la botte fasciste, tandis que l’Allemagne nazie dictait sa loi à ses voisins d’Europe centrale… Et qu’en France, les années et les gouvernements passaient...

Mais voilà qu’après maintes dérobades, la France et l’Angleterre se décident finalement à déclarer la guerre à l’Allemagne. Papa est aux antipodes sur un petit cargo mixte, qui assure la liaison entre les îles françaises du Pacifique et l’allié anglais, ou plus exactement son condominium australien.

Au cours de ses précédents congés, il a prestement épousé une jeune fille de bonne famille, qui est aussi la meilleure amie de la fiancée de Jaco, et l’a tout aussi prestement ramenée sous les tropiques calédoniens, où mon grand frère est né dans la foulée…

En métropole c’est la « drôle de guerre »… Et bientôt l’armistice, aussitôt suivie de l’appel du « grand Charles ». D’allié, le condominium britannique devient ennemi et voilà Papa et sa petite famille embarqués dans une sale histoire où les équipages des navires français s’écharpent ; « loyalistes » versus « gaullistes ». S’ensuivent pour Papa, arrêts de rigueur, internement en Australie, fuite vers l’Indochine… La petite famille voit du pays ! Apprend à se débrouiller par voie de conséquence…

De fuyard en mer de Chine, à pompier porte Champerret, il y a eu forcément du gros temps à traverser ! Mais je n’étais pas encore là pour m’en faire une idée… Ma grande sœur, elle, faillit bien naître sur le bateau qui ramenait la famille à Marseille après ces pérégrinations de fortunes diverses, au pire d’une énorme tempête au large du cap de Bonne Espérance. Mais la nature étant bien faite, elle patienta jusqu’à l’arrivée à Marseille…

Marseille où tout avait commencé justement, trois ans plus tôt, un matin de décembre 1938. Ce matin-là, Maman avait sorti d’un tiroir de la lourde malle bleue, que deux matelots venaient juste d’apporter dans la cabine, le cahier tout neuf où elle n’avait encore écrit qu’un titre : « Carnet de voyage ». La couverture toilée du petit cahier était sans doute robuste puisqu’elle a survécu aux tempêtes, bombardements et déménagements divers des soixante dernières années.

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