C’est fait ! Je suis dans la passe de Taunoa ! Pas très large mais je serai d’autant mieux abrité derrière ! Cap’tain Philip a eu un bref contact VHF avec le JRCC-Tahiti avant de m’engager dans la passe, juste histoire de dire qu’on n’était pas des bandits… et dès que j’ai été suffisamment abrité par le récif et que le fond a commencé à remonter… Mouille la pioche et repos ! Un mois de mer ça mérite bien une bonne nuit franche sans chichi, non ? On verrait le reste plus tard….

passe de taunua

Plus tard, ça a été le lendemain matin… Et on était entouré de dériveurs d’école de voile et de grandes pirogues tahitiennes à l’entrainement. Le patron a demandé à des moniteurs en Zodiac si on dérangeait pas trop dans le paysage et ils nous ont répondu que non, que ça faisait un bon exercice aux mômes qu’ils faisaient louvoyer vers la passe d’avoir à éviter de nous rentrer dedans !

En buvant son café le patron a regardé ses mails. Y’avait déjà deux réponses au mail qu’il avait balancé vite fait au JRCC hier après-midi, juste après leur contact radio. Ils venaient de deux bureaux différents mais disaient la même chose… Le patron devait se rendre à la P.A.F. de l’aéroport avec ses papiers et les miens pour « régulariser ». Cap’tain philip, ça l’a un peu étonné, moi aussi forcément… quitter le bord sans que le moindre douanier, autorité sanitaire ou autre police aux frontières soit monté à bord ? Surtout en ces temps troublés…  Du coup, le patron a rappelé le JRCC à la radio pour demander confirmation… Ils allaient se renseigner et nous rappeler.

Nous on a continué à flemmarder en regardant les mômes tirer peut-être leurs premiers bord vers le large, vu qu’il y en avait des vraiment tout petits, et de fait une heure plus tard le JRCC  nous a confirmé que le capitaine pouvait aller au bureau de la P.A.F. à l’aéroport.

Séance de rasage, réunir les papiers de bord, chemise et short propre dans le sac à dos, sortir le petit moteur électrique, un petit coup de charge sur la batterie avant de mettre l’annexe à l’eau… Le voilà parti mon capitaine… Plus qu’à espérer qu’il revienne avec de bonnes nouvelles !

Comme il me l’a raconté à son retour, ça n’avait pas vraiment bien commencé le matin… Il y avait bien un arrêt de bus pas très loin, sauf qu’ici pour monter dans le bus, il faut absolument un masque ! Et ça le coup du masque on l’avait pas du tout anticipé… Pourtant j’en avais à bord, qui dataient de l’Australie. Mais après six mois de Java à Nouméa, ça lui était complètement sorti de l’esprit au patron et je dois bien reconnaître qu’à moi aussi…

Coup de bol y’avait une jolie vahiné à l’arrêt de bus qui après lui avoir annoncé la mauvaise nouvelle, l’avait dirigé vers la station MOBIL quelques centaines de mètres plus loin où il trouverait un masque et deuxième coup de bol c’était la même monnaie ici qu’à Nouméa et il restait un peu de ferraille dans la poche du vieux…

Bon c’était un tout petit détail à côté de la nouvelle fracassante qu’il ramenait le patron… On avait la libre pratique pour toute la Polynésie française sans limite de temps !!! Tu parles, pour des gars qui s’étaient lancé avec en poche une simple « autorisation d’escale technique de 48H », c’était le gros bonus !

Bon , le soleil se couchait et on a décidé de passer une seconde nuit là, sans se biler. C’est là qu’avec son air de pas y toucher Cap’tain Philip a sorti sa petite clef bleu de son porte monnaie…

- Tiens, vieux, j’ai un truc marrant à te montrer ! qu’y m’dit…

Ordi, superman ( c’est le nom de la petite clef bleu), dossier « arrivée Papeete »

- Archive Météo France du 20 décembre 2020 ! Qu’il commente…

- Voilà ! on est passé là, entre les deux, quand on avait plus que FURAX pour nous tirer de là ! On s’est même bien approché du premier, « YASA »de catégorie 1 (les moins coriaces, mais cyclone quand même !), L’autre « Zazu », on a plutôt bien fait de le saluer de loin… Catégorie 4, figure-toi ! Gros dégâts sur les Fidji. Valait mieux qu’on n’en sache rien !!!

C’est le lendemain matin qu’on a bougé. Cap’tain Philip m’a piloté dans un chenal étroit et tortueux mais bien balisé qui s’enfonçait derrière le récif jusqu’au port de pêche. Tout au fond y’avait un pont qui interdisait d’aller plus loin. C’est là, en faisant lentement demi-tour qu’on s’est retrouvé quasiment contre un amas de vieux pontons flottants à l’abandon… pas de courant pas un poil de vent, c’était vraiment tentant… un petit coup de mon moteur tribord et j’accostais en douceur au ponton qu’avait l’air le moins pourri…

Hop , trois amarres de pointe à l’avant, une garde à l’arrière, j’allais pouvoir enfin souffler moi aussi au lieu de tourner autour de mon ancre comme un malheureux !

Climax au port de pêche de Papeete

Je suis resté là trois jours sans que personne ne me demande rien. Le premier jour, Cap’tain philip est sorti par le chantier de démolition devant lequel les pontons étaient amarrés. Mais ledit chantier était barricadé à grand renfort de panneaux « interdit au public »..Dès le lendemain donc, pour éviter de traverser le chantier il a descendu l’annexe pour rejoindre le quai au niveau d’une petite jetée occupée par des pécheurs à la ligne.

On serait venus zoner là discretos un mois plus tôt, gros à parier qu’on y serait restés peinard tout ce temps... Manque de bol le quatrième jour, alors que mon capitaine était en vadrouille, une longue barge est arrivée avec du gros matos, les travaux de démolition de l’immense bâtiment abandonné devant lequel étaient amarrés les pontons, commenceraient le lendemain…

climax au port de pêche de Papeete

En fin d’après-midi quand le patron est rentré à bord en annexe, deux gars en uniforme lui ont fait signe depuis le quai. C’était des officiers de port… On pouvait pas rester là à cause des travaux qui commenceraient le lendemain. Pas de problème pour cette nuit, mais à 07h00 le lendemain faudrait qu’on ait dégagé… Ils nous conseillait la Marina, derrière le port de commerce. C’était un conseil à 600 €/mois... Bref, pas du tout dans nos prix, mais on n’a pas moufté, puisque jusque-là ils l’avaient pris très cool…

L’avis du patron , c’était que le lendemain, ils nous auraient à l’œil… donc, on contacterait la vigie du port sur la VHF dès 6h demain matin , pour les avertir qu’on allait bouger vers la marina , Ils nous regarderaient faire le tour du récif, ressortir par la passe de Taunoa et rerentrer par la grande passe un moment plus tard pour rejoindre la marina. Là on prendrait « un ticket » d’une semaine, le temps qu’ils nous oublient un peu et d’ici là on aurait surement eu une idée…

Voilà , on en est là ! Cette marina est mal foutue au possible car la houle entre et rebondit sur le fond de ce cul-de-sac trois jours sur quatre ! En plus, même pour une semaine ça nous a coûté la peau des fesses. D’un autre côté , le patron se balade à sa guise, c’est juste le temps qu’il fallait pour faire réparer le lazzy bag chez le voilier et on avait besoin de refaire le plein d’eau.

climax à la marina de Papeete

Mon Capitaine trouve les tahitiens vraiment très sympas, mais la ville de Papeete est plutôt un peu foutoir d’après lui et à part celles des jardins qui bordent le port, il ne m’a pas montré de photos qui vaillent vraiment le déplacement. Bon je suis de bonne humeur alors je plaisante ! Certes pour le moment je tire à hue et à dia sur mes amarres à cause de cette foutue houle, mais le résultat des courses c’est qu’on a bel et bien la libre pratique pour toute la Polynésie française pour le temps qu’on veut…. Je sais pas si vous réalisez bien ?

Eh oui ! en bas de l'avant dernière c'est bien le vélo de Giovanni qui a repris du service !

je vous remets le lien de la balise GPS , au cas où ....  https://www.konectis.com/embed/5715593fa67e7b985edada6a291d6bc5