Alors ici c’est carrément les vacances ! Cette fameuse calmasse dont je parlais à peine, n’a duré qu’une journée, juste le temps pour le patron de remettre en place le vit-de-mulet. D’ailleurs ça lui a pris la journée. Comme on n’a pas encore pris la peine d’avancer le gros réveil vert pomme du carré, on est toujours à l’heure du bistro de cette putain de baie de l’Orphelinat. Du coup le jour se lève vers deux heures du mat ! Le temps de se débarbouiller, c’est-à-dire de me foutre de l’eau partout dans la cuisine… Faut le voir, tonton ! Un vrai canard ! Gant de toilette et autre… connaît pas. Il s’asperge le museau à deux mains au-dessus de l’évier jusqu’à ce que le lino soit trempé et glissant comme une savonnette… tout juste si c’est pas à moi de passer le faubert derrière ! Bon ceci dit, c’est le seul moment de la journée où il gaspille l’eau douce, une pleine cuvette ! Petite, c’est vrai. Et aussi un zinga (litre malgache) pour se raser, mais ça c’est loin d’être tous les jours… Il fait d’abord tiédir la flotte dans la bouilloire avant d’aller s’asperger la poire, là encore, mais dans les toilettes cette fois. Et là je n’ai rien à redire puisqu’il y a un caillebotis qui est fait pour ça. Donc « débarbouillage », petit dej classique, thé, chappattis, omelette au fromage (tant qu’il y a des œufs frais en tous cas, puisque le gruyère, ça il en a bourré le frigo). Le petit café, c’est pour plus tard vers dix heures et seulement par temps maniable comme ces jours-ci, vu que l’opération est délicate, voire périlleuse ; je vous en ai déjà parlé… Bref, dès 3 heures du mat, il avait sorti sa caisse à outils, Cap’tain Philip… Il ne l’a rangée que le soir, une heure avant un magnifique coucher de soleil qu’il a pris en photo (et que vous pourrez donc admirer dès qu’on pourra vous l’envoyer du premier cyber venu, c’est-à-dire un de ces quatre…). C’est vrai qu’il a travaillé tranquillement, tonton, en prenant son temps puisqu’il faisait un temps magnifique, que je bougeais à peine et aussi que l’affaire était compliquée. Mais bosser dans ces conditions, pour un mécano qui aime son boulot, c’est quasiment un plaisir ! Alors, pourquoi l’écourter, je vous le demande…
Le temps de ranger la tablette (qui sert d’appareil photo ) bien au sec, la petite brise de NW qui va bien était là. D’abord timide ce qui a fait hésiter le patron, avant de s’établir pour de bon. Et on s’est remis en route…
Voilà ! Et c’est les vacances comme ça depuis trois jours ! Je dodeline au petit largue avec toute la grand-voile et le foc2, qui est certes petit mais qui « tire » très bien. De toute façon on n’a rien d’autre sous la main en attendant de trouver deux mains secourables pour guider la ralingue de Gégène dans la gorge de l’enrouleur quand on lui aura remis sa drisse… Donc « un de ces quatre… » comme pour la photo…
Le patron corrige un bouquin qui est paru en 98. Car à l’époque il ne pouvait pas tout dire… Ça raconte comment la grande sœur dont je parle dans les premiers épisodes, la « hyéroise » que j’ai croisée à Malte dans mon adolescence, s’est faite poissée en Inde par une bande de ripoux. La pauvre y a laissé sa peau… corps et biens… Donc hors de question de revenir sur son caractère ceci ou cela, c’est des choses qui ne se font pas chez nous. De mon côté je prépare tranquillou les prochains épisodes de « Climax pour les petits et les grands ». Tout ça par un temps magnifique comme en glissant sur l’onde sans heurts ni soucis dans ce petit courant portant tout à fait inespéré en cette saison.
Les aubes et les couchants sont géants, rien que pour ça, ça valait le coup de venir. L’horizon est d’une pureté magique… toujours aussi désespérément vierge par contre ! Ça aussi c’est impressionnant… Ça fait quand même vingt-deux jours qu’on ne voit que des oiseaux…À se demander si la terre tourne encore !!!