C’est en mettant pied à terre à Apataki que le patron a rencontré Assam. C’est la seule fois où je les ai vus bavarder tous les deux au bout du petit ponton en bois où Assam a sa maison et sur lequel le patron avait amarré l’annexe ce matin-là. Dès le lendemain on m’a mis à terre et je me suis retrouvé au fond du chantier, très loin du petit ponton et de l’abri voisin où ils se retrouvaient chaque matin. Chaque soir le patron noircissait plusieurs pages de la vie d’Assam sur un petit carnet vert. C’est hier qu’il a mis tout ça en ordre…

« Apataki est un atoll. En d’autres termes, une ceinture de corail qui se referme sur elle-même. Par endroit une simple barrière de corail dont le platier, plus ou moins large, découvre à marée basse, et de place en place des parties à peine plus élevées où une végétation a pu s’accrocher et se reproduire, essentiellement cocotiers, pandanus et « buissons salés » ;   Ce sont les « motus ». Ils peuvent faire de quelques dizaines de mètres de long à plusieurs kilomètres. Celui d’Assam s’appelle Motu Tamaro sur les cartes mais au village on l’appelle  « la ferme d’Assam ».

Motu Tamaro est suffisamment boisé et étendu pour qu’il y ait une nappe phréatique. Il ne porte pourtant que quatre maisons. La sienne où il vit avec sa femme Aroarii qu’il a rencontrée au temple mormon de Papeete il y a quelques cinquante ans, celle de son fils Alfred, marié lui avec Pauline, celle de son petit-fils Tony et enfin celle où cohabitent les deux employés du chantier.

C’était un lundi matin. Il faisait beau et le patron venait donc d’amarrer l’annexe au bout du petit ponton. Assam était assis devant sa maison et le salua d’un « Ao orana, vous venez d’arriver ? »

En fait non, le patron avait mouillé mon ancre devant « la ferme d’Assam » le samedi après-midi et on avait passé un petit week-end tranquille à bord sans même descendre l’annexe. Le but de notre escale à Apataki était en effet de me mettre au sec pour un carénage et quelques réparations, la ferme perlière d’Assam étant  devenue « Apataki carénages services » en 2009. C'est ce que Cap'tain Philip était en train d’expliquer à Assam, tout en s’asseyant tout naturellement à ses côtés pour bavarder plus avant, puisque nous avions tous trois atteint un âge où il ne sert plus à rien de se presser…

De notre côté, d’ailleurs, le bureau du chantier n’ouvrirait sans doute que vers huit heures ; du côté d'Assam, comme il l’apprit d’emblée au patron, la création de cette entreprise avait été sa dernière aventure. C’était maintenant son fils Alfred et son petit-fils Tony qui tenaient les rennes, lui était en roue libre et très heureux comme ça !

Les voilà donc à bavarder quasiment les pieds dans l’eau du lagon. Au premier abord j’avais pensé qu'ils étaient à peu près du même âge, mais il est tellement difficile pour nous occidentaux de donner un âge à un chinois ! De fait Assam était l'ainé de douze ans. Il est né en 1940 sur l’atoll d’Amanu, un peu plus bas dans les Tuamotu, d’un père chinois et d’une mère Polynésienne. Il avait donc soixante-neuf ans quand son principal client, une firme canadienne, avait prétexté la chute du cours de la perle d’élevage pour imposer une baisse de son prix d’achat. Assam s’était envolé pour Montréal avec sa femme sans tarder… Non pour rencontrer son client mais pour aller flâner dans les bijouteries du Québec, mais aussi de Boston et de New-York, puisque son client s’était maintes fois vanté  d’exporter une grosse partie de ses bijoux vers les USA….

Le prix des perles montées en colliers, bracelets et autres bijoux n’avait pas bougé dans les vitrines. Assam et Aroarii rentrèrent chez eux, non sans un stop d’une semaine à Independance, une banlieue de Kansas city dans le Missouri où le fils de Joseph Smith, le dernier prophète (« découvreur » du livre des mormons), avait fait construire un immense sanctuaire après avoir fondé à la fin du XIXème siècle la communauté du Christ, rebaptisée « Sanito » par les polynésiens à laquelle appartenaient les deux époux.

De retour à Apataky, Assam repris contact avec son client canadien pour lui dire qu’il stoppait sa production… et il cessa sa production.

Il lui fallait trouver une nouvelle idée….

Lancé comme il l’était, j’imaginais qu’Assam allait raconter sa vie au patron, qui aurait donc tout le loisir de me la raconter ensuite, le soir venu... Depuis l’épicerie d’Amanu où il avait aidé son père jusqu’à l’âge vingt ans, jusqu’à cette ferme perlière qui employait pas moins de dix plongeurs et exportait des milliers de perles chaque année à travers le monde…

Mais non. Cette première fois comme tant d’autres par la suite, Assam avait bifurqué vers l’évangile.

Il y avait un refrain : « vraiment je ne comprends pas tous ces pasteurs et leur discours compliqués ! L’évangile est tellement simple et lumineux… » S'en suivaient des couplets sous la forme de paraboles évangéliques revisitées par ses soins. Une quelquefois deux.

C’est toujours vers cette heure-là qu’ils se croisaient et même un peu plus tôt, Assam et lui. De son côté, le patron commençait sa journée par une douche fraîche, suivi d’un stop dans un petit abri au bord du lagon duquel il pouvait se connecter sur le Wifi du chantier. Il était alors environ 18h en Europe et 20h à Madagascar ; c’était la bonne heure pour relever les messages. De son côté Assam commençait le matin par nourrir les cochons ; Il passait avec son seau d’épluchure le long de l’abri où le patron était attablé. Ils se saluaient, mais c’est au retour,  une fois son seau vidé, qu’Assam s’asseyait au côté du patron tout naturellement, comme le second s’était assis à celui du premier le lendemain de notre arrivée.

« Vraiment je ne comprends pas ces pasteurs… » et, le décor planté, suivait une nouvelle parabole revisitée… Ainsi  jour après jour, le soir venu, je revisitais moi aussi l’évangile, autant que j’en apprenais un peu plus sur la vie incroyable d’Assam…

Son père avait fait partie de la vague d’émigration qui avait suivi les massacres de Shanghai en 1927. Autant la Nouvelle Calédonie, où l’extraction du nickel était en plein essor avait accueilli cette main d’œuvre industrieuse avec bienveillance, autant la Polynésie française, et particulièrement sa métropole, Tahiti, s’était montrée frileuse. Refoulé par les autorités de Papeete, le jeune chinois qui n’avait pas encore 25 ans, atterrit quelques galères plus tard dans un des plus petits atolls habités de l’archipel des Tuamotu, Amanu. Seuls une dizaine des quatre-vingts atolls de l’archipel étaient pourvus d’un poste de gendarmerie. Amanu, tout comme l’atoll voisin de Hao, abritant chacun une centaine d’âmes, n’en faisaient pas partie.

Amanu intégra donc ce nouvel arrivant dont la situation se régularisa sur le tas et sur le tard lorsqu’il eut fondé famille sur le mode du mariage tahitien et qu’elle fut déjà nombreuse.

Que fait un chinois sans crédit fraichement débarqué dans une terre lointaine ? Un magasin général bien sûr et assez inexplicablement d’ailleurs… Sauf quand on sait que les fournisseurs de Papeete sont chinois eux aussi et que faute d’une confiance aveugle dans chacun des jeunes compatriotes candidats à l’installation, ils ont une foi ancestrale dans le commerce…

Assam arriva, pour sa part en septième et avant dernière position en 1940. Suivi de près par une petite sœur, Tévaité, installée aujourd’hui au Québec et qui entretint la relation dès le début des  années 2000 avec cette firme canadienne dont on a parlé plus haut.

Pas de gendarmerie à Amanu donc, mais une petite église blanchie à la chaud, un temple mormon jaune paille et une petite école qu’Assam suivit jusqu’au CM2.

Que fait un petit garçon chinois après la dernière classe de l’école communale ? Il aide son père à la boutique bien sûr… Et apprend les ficelles du métier dans l’arrière-boutique…

Tant et si bien qu’à vingt et un ans Assam alla s’installer sur l’atoll voisin, Hao pour… ? Devinez !

Ouvrir un nouveau magasin général…

Dans les îles du Pacifique autant que dans les bourgs reculés du Québec on parle de « magasin général » ; dans nos villages de métropole, plutôt « d’épicerie » ou de « bazar » et à Madagascar « d’épi-bar » ce qui est plus rigolo et parfaitement adapté à la consommation impressionnante de rhum local !

A l’approche de ses trente ans, Assam, devenu commerçant averti, développa d’autres ambitions. Certes le magasin général de Hao resta dans la fratrie, mais lui prit le bateau pour Tahiti, seul, puisqu’il n’avait pas encore trouvé chaussure à son pied, même « à la tahitienne ».

Pour ses compatriotes de Papeete, importateurs, grossistes ou embouteilleurs, il n’était plus ce jeune candidat à l’installation qu’avait été son père quarante ans plus tôt. Il avait fait ses preuves « dans les îles » et n’eut aucune peine à constituer le stock d’un nouveau magasin général à la taille de l’endroit qu’il baptisa « MINIPRIX ».

En quatre ans l’affaire était devenue prospère. Assam qui fréquentait le temple mormon de Papeete y avait rencontré Aroarii et ils avaient déjà deux enfants, Alfred et Evelyne. Fût-ce la fatigue accumulée au cours de ces quatre années d’activité intense, ou plus probablement la proximité entre les atolls de Hao, où Assam tint le magasin général pendant huit ans,  et Mururoa, environ deux cents milles au sud-est, où la mère patrie avait fait péter à la même époque  une bonne douzaine de bombes atomiques  de tout calibre  dans l’atmosphère avant de décider de poursuivre ses intéressantes expériences sous terre… ? Le fait est qu’Assam tomba gravement malade.

Bon, je ne vous les rapporterai pas toutes, n’ayez crainte, mais après un certain nombre d’autres matins agrémentés chacun d’une nouvelle parabole, c’est ce matin celle de la femme adultère. Je vous dispense volontiers du cadre que même les pires mécréants connaissent par cœur : « Que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre ». C’est plutôt l’aspect subtilement social qu’Assam était soucieux de nous faire « toucher du doigt », dirais-je prosaïquement…

Donc cette sentence, Jésus ne l’aurait pas jeté à la cantonade, tant il savait sans doute qu’elle aurait rebondit sans le moindre effet sur le bouclier d’airain que constitue un groupe en colère. Il l’avait écrit à l’aide d’un bâtonnet en grattant la terre au pied du banc où il était assis. De sorte que chacun avait dû à son tour venir derrière lui pour déchiffrer l’écriture et après une rapide introspection individuelle s’en était retourné chez lui… On va dire cette fois « la queue basse » pour rester dans le prosaïque.

De fait, quel discours verbeux ajouter à cette histoire aussi courte que lumineuse qui dit déjà tellement de choses et tellement simplement… d’où le refrain d’Assam - que vous connaissez déjà - qui avait d’abord précédé « la femme adultère »  et l’avait ensuite suivi…

Assam avait préféré revisiter cette parabole universelle que parler de cette maladie dont je ne sais rien du coup, sinon qu’elle avait été soignée en Nouvelle-Zélande et que le traitement avait duré plus d’un an.

Aroarii avait ramené le convalescent sur l’atoll d’Apataki dont elle est originaire, toujours dans l’archipel des Tuamotu mais beaucoup plus au nord qu’Amanu et Hao. Dans la quiétude de ce village cerné par les eaux qui comptait à l’époque quatre cents habitants, la santé revint progressivement. Assam avait maintenant trente-cinq ans.

Une nouvelle société de transport maritime venait de se monter à Papette. Un caboteur de 1200 tonneaux, « Ariimoana » allait desservir chaque mois 28 Atolls des Tuamotu, dont Apataki à partir de Papeete, suppléant ainsi la goélette « Teretia » qui jaugeait à peine 500 tonneaux et desservait depuis de longues années la quarantaine d’atolls habités de l’archipel et en ramenait la production halieutique vers Papeete.

La première escale d’Ariimoana à Apataki au printemps 1975 fut bien sûr un événement… Tout le village était sur le quai avant même que le navire ne s’engage dans la passe. Assam, encore convalescent, ne cherchait pas spécialement du travail, mais il s’avéra qu’il manquait un subrécargue sur Ariimoana et qu’il était urgent pour la compagnie de pourvoir ce poste avant le prochain chargement à Papeete. Assam commençait à se sentir mieux et remplissait les critères d’âge, d’expérience commerciale et de gestion des stocks… Ainsi commença sa vie de marin à travers l’archipel des Tuamotu. Les bateaux se succédèrent, « Arraroa », « Tamarii Tuamotu », « Maïré », mais Assam resta 15 années à son poste, jusqu’à connaitre  comme sa poche cet archipel aussi étendu que La France et l’Espagne réunies !

L’une des vingt-huit escales de la ligne était Takaroa, à une centaine de mille au nord Est d’Apataki. C’est là que deux de ses frères ainés, Teriiki et Tamatoa avaient installé une ferme perlière au milieu des années soixante. Il avait donc la chance de les voir tous les mois, de même qu’il était heureux de visiter aussi régulièrement ceux de ses frères et sœurs restés  sur l’atoll d’Aho et ses parents sur celui d’Amanu.

La production de la ferme de Takaroa était abondante et d’excellente qualité, mais la concurrence était vive. Beaucoup d’autochtones avaient investi dans ce créneau et les fermes s’étaient multipliées dans l’archipel depuis le début des années soixante.

Ce dont ses deux frères avaient besoin, c’était un commis voyageur de haut vol…

C’est ainsi qu’au cours de sa cent soixante cinquième escale à Takaroa (15 années fois 11 mois, pour les nuls en calcul ; tenant compte du carénage annuel des bateaux ), les deux ainés proposèrent à leur petit frère si débrouillard de se joindre  à eux...

-          Mais je n’y connais rien !

-          Tu apprendras vite ! Et puis c’est surtout aux Etats-Unis qu’on a besoin de toi, puisque tu y vas régulièrement…

En fait, Asssam ne s’était rendu que deux fois à Los Angeles avec Aroarii, en vue de rejoindre Kansas city et le grand centre spirituel de la communauté du Christ, fondé par Joseph Smith III, le fils de Joseph Smith II, "le dernier prophète", "découvreur" du livre de Mormon et initiateur du mormonisme. La première fois pour découvrir le sanctuaire, peu après leur mariage, la seconde, juste après leur séjour en Nouvelle-Zélande pour prier qui de droit d’accorder à Assam un peu plus de temps pour le servir…

Ce fut donc son dernier voyage sur « Maïré » avant qu’il ne redevienne un modeste apprenti à la ferme de Takaroa, tant la plus indispensable qualité d’un bon commis voyageur est de connaître parfaitement ce qu’il vend…

En sept ans, il retourna quatre fois aux Etats-Unis, toujours avec Aroarii et toujours avec un stop au sanctuaire de Kansas city. Mais outre Los Angeles et Las Vegas qu’ils connaissaient déjà, ils visitèrent la côte Est, le Québec, la Floride et le Texas.

La ferme de Takaroa se retrouva signataire de plusieurs contrats qui assuraient largement l’écoulement de la production de ses frères, dont toutes les perles partaient maintenant vers les Etats-Unis et le Canada.

Assam gagna sans doute, lui aussi pas mal d’argent… Suffisamment en tous cas pour envisager de créer sa propre ferme, puisque du titre d’apprenti dont on l’avait affublé sept ans plus tôt, il était passé à celui d’expert reconnu par la profession…

Il n’eut pas à chercher l’endroit. Ce serait le motu Tamaro, des terrains familiaux d’Aroarii, au sud-est de l’atoll d’Apataki. Un mouillage connu des navigateurs comme l’un des plus abrités du nord de l’archipel, où pour le moment on n’élevait que des cochons et des poules.

Pour la vente, Il misait sur un fabricant de Montréal qu’il avait rencontré sur place par l’intermédiaire de sa petite sœur, Tévaité installée au Québec depuis des années.  A l’époque, un simple atelier dont la clientèle n’aurait pas intéressé ses deux frères, mais d‘après Tévaité, le gars faisant de très jolies choses et ouvrirait bientôt sa propre surface de vente dans la quarante septième rue, à New-York. De toute façon, Du jour où Assam grefferait ses premières huitres, il faudrait deux ans pour que la production démarre.

Ce qui fut le cas dans les tous derniers jours du millénaire. En décembre 1999 Assam tria sa première récolte pour envoyer le premier choix à Montréal. Il avait trouvé entre-temps preneur à Papeete pour les perles de moindre qualité. De ce jour, et pendant dix ans, l’essentiel de la production de « la ferme d’Assam » partit pour le Québec. Et cela jusqu’au jour où l’atelier de création qui n’achetait que sur des critères de qualité, devenu négoce d’envergure sans doute géré par de jeunes commerciaux aux dents longues avait cru pouvoir balancer impunément un petit coup de canif dans le contrat de Papa Assam…

Il lui fallait trouver une nouvelle idée, comme Assam l’avait confié au patron lors de leur première rencontre sur le petit ponton… Avant d’en revenir là, je vous laisse imaginer le nombre de paraboles que je connais maintenant sur le bout des doigts avec le détail de leurs implications sociales et paralogiques… sans parler de la « clique des pasteurs » ramenée plus bas que terre chaque matin et qui peinera certainement à s’en remettre !

Une nouvelle fois, Assam n’eut pas à chercher loin. Depuis dix ans qu’il vivait sur l’atoll de Tamaro, il avait vu tant de voiliers s’abriter du vent d’est devant sa ferme, bavardé avec tant de Capitaines qui partaient où revenaient des Marquises. Chaque année il y en avait plus ! Nombre d’entre eux venaient de caréner leur bateau aux Marquises ou rentraient le faire à Tahiti. Mais les places étaient chères ; Les seuls chantiers où l’on pouvait sortir des bateaux de ma taille étaient celui d’Hiva Oa aux Marquises, celui du port de pêche de Papeete et celui, plus petit, de Taravao dans le sud de Tahiti.

Pour commencer, il fallait à Assam  un bon tractopelle pour défricher deux hectares sur la partie la plus large du motu. Tractopelle qui servirait ensuite à manœuvrer la remorque hydraulique adaptée à la sortie des bateaux. Il faudrait construire un plan incliné, une bonne réserve de plots en béton, pour assurer les bateaux à terre. Réaliser un réseau d’eau douce à partir de la nappe phréatique. Concevoir un réseau électrique adapté à partir d’un gros groupe électrogène. Construire un atelier. Se procurer enfin toutes les fournitures indispensables au fonctionnement de l’ensemble : bois pour le calage des bateaux et l’aménagement de sanitaires, tuyauterie, sangles de serrages, outillage divers, etc…

Pour les travaux, il pouvait compter sur Alfred, son fils ainé et Tony son petit-fils, encore en formation professionnelle à Papeete, mais qui serait trop heureux de revenir travailler à Apataki dès la fin de l’année scolaire. Il garda aussi plusieurs employés de la ferme qui connaissaient parfaitement le terrain.

Le premier bateau fut tiré à terre un an plus tard, en mars 2010 et il y en a aujourd’hui entre cinquante et soixante suivant la saison sur le terre-plein aménagé qui peut en accueillir quatre-vingts … Une nouvelle remorque à relevage hydraulique est arrivé il y a trois ans qui permet de sortir des unités de 17 tonnes, y compris les catamarans qui sont maintenant en majorité sur le chantier. "Apataki Carénage Services" est cependant resté une entreprise familiale. Alfred conduit le tracteur, sa femme Pauline est au bureau et Tony fait tout le reste avec les deux employés qui sont restés sur place. Assam quant à lui, depuis plusieurs années déjà, s’occupe uniquement des cochons et va presque tous les jours à la pêche. Il a fêté ses quatre-vingts printemps un peu avant Noël…

Perles d'Assam

Assam n’a jamais vendu les deux plus belles perles produites dans sa ferme. Il les a montrées au patron ; des sphères parfaites de 17mm dont la nacre produit un chatoiement aussi magique que l’œil de tigre. Aroarii s’occupe, elle de son élevage de poules pondeuses dont les clients du chantier sont ravis de consommer les œufs frais.

                                                          FIN DE L’EPISODE